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     Il sortit à son tour de la voiture et alla rejoindre Kaori qui se tenait près de la porte. Celle-ci était entrebâillée. Ils tendirent l'oreille… rien ! Kaori jeta un regard interrogateur à son partenaire et celui-ci lui répondit par un léger acquiescement de la tête. Elle tira donc la porte du hangar le plus discrètement possible et glissa à l'intérieur.

     Il y faisait vraiment très noir et la jeune femme mit une poignée de secondes pour accommoder sa vision. Puis, elle aperçut deux hommes qui se tenaient vers le fond du local, entourés par de lourdes caisses en bois. Il fallait se rapprocher… D'un geste de la main, Ryô indiqua à Kaori qu'ils allaient se séparer chacun de son côté pour atteindre leur cible.

     Kaori se rapprocha furtivement des deux silhouettes en prenant garde à ne pas toucher aux caisses empilées à la va-vite. D'où elle était placée, la jeune femme n'arrivait à voir que le visage du passeur. Tant pis ! Elle pouvait tout de même maintenant comprendre leur conversation. L'homme qui lui tournait le dos tendait une mallette remplie de billets vers le dénommé John. La transaction semblait se passer normalement … Jusqu'à ce qu'un bruit les fasse se tourner en direction de Ryô.

     Fidèle à sa réputation, il s'était glissé à leur hauteur, face à Kaori, sans qu'ils l'aient repéré. En voyant le visage du patron du passeur, le cœur de Ryô s'arrêta et sa main se mit à trembler. Il dut s'appuyer un instant sur l'empilement instable des caisses pour reprendre son calme et déplaça malencontreusement un bout de bois qui chuta…

     Mon dieu, ce visage, c'était le portrait craché de l'homme que jamais Ryô ne pourrait oublier. Celui qui l'avait recueilli avec Kenny et fait de lui une redoutable machine de guerre, le seul homme que Ryô pouvait appeler "père" … Kaïbara se tenait juste devant lui.

     En s'apercevant de l'erreur qu'il avait commise en dévoilant sa présence, Ryô plongea aussitôt entre les caisses, disparaissant ainsi de la vue des gangsters. Ceux-ci se dirigèrent vers l'endroit d'où venait le bruit, armes aux poings. Ryô s'enfonça le plus loin possible dans le dédale des caisses jusqu'à ce qu'il se retrouve acculé dans un cul-de-sac !

     "Piégé ! … comme un débutant…."

     Les deux poursuivants arrivèrent à la hauteur du nettoyeur et le sosie de Kaïbara sourit méchamment en voyant le visage de Ryô. Ils se tenaient face à face, les armes pointées l'un sur l'autre.

 - "Ainsi ce hangar est plein de rats ! Mais … cette arme … ce visage … nous voilà face à face, Saeba, ou devrais-je dire City Hunter ! Tu as l'air surpris de me voir, pourtant, nous ne nous connaissons pas … enfin, pas exactement… Mais je vois que tu sais de qui je parle, n'est-ce pas ?

 - Ka… Kaïbara…", murmura Ryô. Il fixait longuement son adversaire, "non... ce n'était pas possible, pensa-t-il, j'ai tué Kaïbara bien avant l'explosion du bateau. Mais alors, par quel miracle ..." Il secoua sa tête et se concentra sur le visage de l'homme qui le tenait en joue. L'obscurité modifiait légèrement ses traits, les durcissaient, mais c'était bien le visage d'un homme jeune qui se dessinait en face de lui.

 - "Vois-tu, je m'appelle Hiroshi Kaïbara. Il me semble que nous avons un compte à régler.

 - Si tu me connais, tu dois savoir que si tu ne te rends pas immédiatement, je n'hésiterai pas à tirer. Peu importe qui soit ton père ! , répliqua Ryô.

 - Je ne suis sûrement pas aussi habile ni aussi rapide que toi pour le maniement des armes, mais je possède d'autres atouts ! ", s'exclama Hiroshi, un sourire cruel aux lèvres…

     Il montra la valise, John la posa sur une caisse, l'ouvrit et retira les billets en laissant apparaître une rangée d'explosifs. Au même moment, Ryô aperçut Kaori qui venait discrètement vers eux pour les prendre à revers. Sans sourciller, il décida de continuer à parler pour masquer son approche.

 - "Eh oui ! , il n'y a pas que le commerce de la drogue qui soit lucratif !! … Si tu me tues, John fera tout sauter … Maintenant, lequel d'entre nous devrait se rendre ?? , reprit Hiroshi.

 - Décidément, les chiens ne font pas des chats à ce que je vois !", répliqua Ryô en souriant.

     Kaori pointa discrètement son arme contre la tempe de John. Maintenant, ils étaient à égalité. Ryô arma le chien de son arme et son regard se fit plus dur.

 - "Pauvre fou, tu tiens donc tant que cela à mourir ? , annonça Kaïbara. Eh bien ! , je vais pouvoir venger mon père …

 - Je n'en suis pas si sûre !!", coupa Kaori.

     Hiroshi commit l'erreur de se retourner vers la personne qui avait prononcé ces paroles. Ryô en profita pour saisir son poignet et le forcer à détourner le canon de l'arme vers le plafond. Les deux hommes luttèrent quelques instants, Kaïbara, plus jeune que son adversaire, commençait à avoir le dessus. Il repointa progressivement l'arme en direction de Ryô.

 - "Adieu … City Hunter … ", prononça-t-il en appuyant sur la gâchette.

 - " NOOOONNNNN ", hurla Kaori en se précipitant vers son partenaire. Elle le poussa violemment à terre et reçut la balle qui était destinée à Ryô. Elle se logea en haut de son épaule gauche. La jeune femme tomba à terre, projetée par la force de l'impact. Son partenaire réagit dans la fraction de seconde qui suivit : il tira deux fois en direction des deux hommes. Hiroshi se retrouva désarmé et John lâcha la valise, le poignet sévèrement touché.

 - "Kaori, ça va ? , s'inquiéta Ryô.

 - Ce n'est rien, ça fait affreusement mal mais je crois que ce n'est pas grave, répondit-elle.

 - Bien, va appeler Saeko. Elle risque fort d'être surprise par ce qu'on lui ramène !"

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