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Chapitre 3 : Première buit à l'appartement

     Kaori installa Yoriko dans la chambre d'amis tout en lui faisant les recommandations d'usage : abaisser le volet blindé, verrouiller la porte avec le maximum de serrures possibles, ne pas hésiter à piéger le sol …

 - "Tout cela m'a l'air un peu trop excessif, mademoiselle Kaori. Je vous ai engagés, parce que j'ai confiance en la protection de City Hunter.

 - Mais si Ryô vous protège contre les éventuelles agressions du clan Yamura, il faut bien vous protéger à votre tour des célèbres visites nocturnes de l'étalon de Shinjuku ! Et là....

 - Je ne voudrais en rien être indiscrète ni remuer d'anciens souvenirs, reprit Kaori, mais rappelez-vous que l'homme chargé de votre protection a déjà blessé le cœur de votre collègue et …

 - Mais de quoi parlez-vous ?

 - Je sais tout ce qui c'est passé entre votre amie et Ryô ainsi que la façon dont vous l'avez consolée. Il vous faut oublier ces mauvais moments et vous rassurer : je veillerai à ce qu'il ne vous importune pas !"

     Etonnée par ce que Kaori venait de dire, Yoriko restait immobile, complètement abasourdie par une histoire aussi bizarre. Puis elle trouva la solution : Saeko avait du encore faire des siennes !

     "Je vous laisse vous installer et vous mettre à l'aise. Nous dînerons vers vingt heures ce soir, vous avez donc le temps de prendre une douche ! ", conclut Kaori en ouvrant la porte et en sortant de la chambre.

     Elle s'installa aussitôt à côté de la porte, massue à la main, guettant la venue plus que probable de son partenaire qui avait du entendre la fin de la conversation. Les minutes passèrent et Kaori posa son arme à terre pour libérer ses mains des 300 tonnes portées…

     "Il en met un temps ! D'habitude, la seule évocation du mot "douche" le fait accourir en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire…Peut être est-il déjà parti traîner en ville ? Ce ne serait vraiment pas professionnel car cette affaire est plutôt sérieuse, pour une fois !", songea Kaori. Elle devait en avoir le cœur net, aussi laissa-t-elle son poste de chien de garde pour partir à la recherche de Ryô. Elle ne mit pas longtemps à le trouver avachi dans le fauteuil du salon, perdu dans la contemplation béate de la nouvelle présentatrice d'une émission de talk-show. La jeune femme haussa les épaules et alla préparer le repas.

     Pendant ce temps, Yoriko avait quitté sa chambre et se détendait dans un bon bain chaud. Elle avait entrouvert la fenêtre et profitait du contraste de température offert par la légère brise entrante.

     "8 ans, cela fait déjà 8 ans !", pensa-t-elle en se laissant glisser tout au fond de la baignoire. Elle resta immergée quelques secondes, isolée des bruits extérieurs, plongée dans ses souvenirs … puis se leva brusquement. Elle enfila un peignoir et entreprit de s'essuyer les cheveux mais des bruits de verre suivis d'une déflagration interrompirent son geste. La policière reconnut aussitôt le bruit caractéristique de la grenade. Elle lâcha la serviette, prit le revolver qu'elle avait déposé en haut de la pile de ses vêtements et sortit de la salle de bain.

     Elle se précipita vers le salon d'où venaient les bruits et plongea se mettre à couvert derrière le canapé. Elle compta jusqu'à 3 puis se risqua alors à s'accouder contre le dos du fauteuil, son arme pointée en direction de la fenêtre. Elle aperçut Ryô qui balayait du regard les immeubles extérieurs tandis que Kaori restait à terre près de lui… Yoriko était arrivée trop tard, bien après la bataille, si la bataille avait eu lieu…

 - "Ce n'est qu'une façon pour eux de me signifier qu'ils savent où je suis. Je suis désolée pour le désordre Ryô, dit la policière en se relevant.

 - Cela ne fait que mettre du piment à cette soirée !", conclut le nettoyeur en se tournant vers la jeune femme.

     Kaori se leva à son tour en se frottant les genoux qu'elle avait cognés en se précipitant à terre et assista à une scène des plus étrange : en se remettant debout, la ceinture du peignoir de Yoriko se défit et la jeune femme apparut vêtue de son plus simple appareil sous les yeux de Ryô ! Anticipant les réactions de son coéquipier, Kaori attrapa la première massue cachée sous le tapis (sa réserve secrète !!!) et la brandit aussitôt en direction du pervers qui n'allait pas tarder à passer à l'attaque… Mais elle interrompit son geste face à la réaction de Ryô.

     Les doigts de Ryô commencèrent à s'agiter, stimulés par le délicieux spectacle qui s'offrait à ses yeux, tous ses sens s'affolèrent et ses yeux prirent la lueur caractéristique de l'obsédé. Cependant, Ryô balaya rapidement toute pensée impure de son cerveau avec une facilité déconcertante et adopta rapidement un visage des plus sérieux. Il se dirigea vers l'escalier qui menait à sa chambre et frôla la policière.

     "Je crois qu'il faudra se tenir sur ses gardes cette nuit ! Je ne sais pas s'ils ont mesuré les risques qu'ils prenaient en s'attaquant au meilleur des pros !", déclara-t-il en rajustant négligemment le peignoir de la jeune femme. Il lui lança un sourire aérien et gravit les marches sans se retourner.

     

Kaori en lâcha la massue et interrogea Yoriko du regard. Celle-ci demeurait interdite face à ce geste, certes anodin, mais totalement incongru de la part de l'étalon de Shinjuku. Les joues de la policières s'empourprèrent et elle tourna rapidement les talons pour enfiler une tenue plus présentable.

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     Tous se retrouvèrent un peu plus tard pour le dîner. Comme d'habitude, Kaori s'était surpassée : la table regorgeait de mets délicats, plus appétissants les uns que les autres. Ryô se précipita sur la nourriture comme s'il participait à un concours de mangeur de tarte ! Il s'empiffrait à tout va et commentait rudement les piètres qualités de cuisinière de sa partenaire.

     "Je ne comprends pas pourquoi tu te plains, Ryô ! Tu as connu bien pire en fréquentant les prisons de Tôkyô. A l'époque, tu faisais moins le difficile !", commenta Yoriko en plaisantant.

     Surprise, Kaori recracha le contenu de sa bouche sur la table en même temps que Ryô (quel synchronisme parfait !) et regarda son partenaire. Il se contenta de tousser bruyamment.

     "Kaori, c'est vrai, il faut que je te le dise…… ta nourriture est vraiment infecte aujourd'hui, j'ai faillis m'étrangler avec cette immond….."

     Il ne finit pas sa phrase car Kaori l'avait déjà incrusté dans le plancher grâce à sa massue "colère divine". Ivre de colère, elle tentait déjà de le désincarcérer en l'attrapant par le cou et en le tirant violemment.

 -"Sors de là et expliques-toi, si t'es un homme !!!", vociféra-t-elle, une lueur meurtrière dans le regard.

 - "Mais c'est toi qui as voulu me tuer avec cette infâme chose."

     Ce fut tout ce que la jeune femme put supporter d'entendre de la part de cet hurluberlu. Rassemblant toutes ces forces, elle l'éjecta du sol et l'envoya balader à l'autre bout de la pièce. Puis elle claqua la porte et regagna sa chambre.

 - "Belle tentative et essai conclu, dit Yoriko en souriant.

 - Mais de quoi parles-tu, cette bouffe est vraiment…

 - Ne perds pas ton temps à me débiter ton baratin, tu as réussi à détourner la conversation et à ne pas répondre aux questions qu'elle allait sûrement te poser ! C'est toujours le même truc que tu emploie pour ne pas répondre aux sujets qui te gênent. Franchement, j'aurai cru qu'au bout de 8 ans tu aurais évolué un peu !"

 

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